Bonjour à tous, aujourd'hui j'inaugure une nouvelle catégorie sur mon blog, la catégorie "Interviews", elle regroupera (dans le futur) plusieurs interviews de personnes étant acteurs du web d'aujourd'hui (et bien souvent de demain ^^). J'ai décidé de commencer par l'interview d'un journaliste web, Alexandre Laurent (son blog). Journaliste chez Clubic.com qui propose "à ses utilisateurs un vaste choix de services en ligne parmi lesquels, notamment, un magazine d'actualité, un comparateur de prix, un forum de discussions, des logiciels en téléchargement" (extrait des CGU).

Allez, attaquons les choses sérieuses (on n'est pas là pour rigoler ^^).

Pierre (moi) : Bonjour,

Alex : Bonjour,

Pierre : Comment t'appelles tu ? Sous quel pseudonyme peut-on te retrouver sur internet ? Pourrait-on te qualifier de "web addict" ?

Alex : Je m'appelle Alexandre Laurent, 25 ans, présent sur le net depuis quelques années sous le pseudonyme Onesque, un surnom qu'il m'est impossible d'expliciter dans la mesure où il découle d'une "private joke" d'assez mauvais goût. Je crois que je réponds tout à fait au qualificatif de Web addict : j'envisage assez mal de rester déconnecté plus de quelques jours, même si chaque break que je m'autorise me fait un bien fou. Rares sont les journées où je ne passe au moins quelques heures en ligne.

Pierre : Quel est ton cursus scolaire/professionnel ?

Alex :

Scolaire :

  1. Bac S
  2. Classe Préparatoire scientifique
  3. Fac de Lettres (jusqu'à la maîtrise)
  4. Maîtrise de Sciences du langage / analyse du discours
  5. Master Web éditorial

Professionnel :

J'ai passé quelques mois au sein de la rédaction Web de Libération, puis près d'un an à l'Atelier, le centre de veille technologique de BNP Paribas, avant d'atterir à la rédaction de Clubic.com.

Pierre : Combien passes-tu de temps sur internet par jour en moyenne ?

Alex : Trop, sans doute ! Une dizaine d'heures par jour en semaine, quand ce n'est pas plus. Un peu moins le week-end tout de même. Du moins j'essaie.

Pierre : Quel est ton ressenti face à la responsabilité d'écrire pour Clubic.com, fréquenté chaque jour par plus de 450.000 visiteurs ?

Alex : On ne se rend réellement compte de l'impact d'un article que lorsque les lecteurs ont la possibilité de le commenter en direct. A l'époque où j'écrivais pour le site Web de Libération, les visiteurs n'avaient pas la possibilité de laisser des commentaires à la suite des articles, et je ne réalisais pas vraiment qu'un papier pouvait être lu par plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers d'internautes. Du coup, pas de pression ! Lorsque je suis arrivé chez Clubic, j'ai découvert qu'une actualité sur un sujet polémique pouvait entrainer des centaines de commentaires en quelques heures. Et quand l'article souffre d'imperfections ou d'inexactitudes, certains ne se privent pas de le faire savoir, de façon parfois peu amène. Lorsqu'on annonce la sortie d'un produit ou qu'on traite une actualité de peu d'importance, pas de problème, mais lorsqu'on s'attaque à des sujets délicats comme la loi DADVSI, le business du logiciel libre ou les déclarations provocantes d'un Steve Ballmer, il importe de fouiller son sujet et d'en travailler au mieux la forme comme le fond. La responsabilité est également importante lorsqu'on teste un produit ! Les marques connaissent l'audience de Clubic et craignent l'impact qu'un article négatif peut avoir sur leurs ventes. Il faut donc être capable de justifier sa position lorsque le téléphone se met à sonner, ce qui en cas de conclusion défavorable, survient très rapidement ! Ici, la responsabilité est donc double : vis à vis de ceux de nos lecteurs qui nous accordent leur confiance, et vis à vis des fabricants qui nous confient leur matériel. Pour ne pas avoir d'états d'âme envers les uns ou envers les autres, il faut donc s'engager à fournir un travail poussé, et parfaitement objectif.

Pierre : Dans quelle mesure interagis-tu avec les utilisateurs de Clubic.com en dehors de l'écriture d'articles ?

Alex : La plupart des interactions passe par notre forum Débats sur l'actu. Je m'efforce d'y suivre toutes les réactions relatives aux actualités que j'ai rédigées, afin de pouvoir éventuellement répondre aux lecteurs lorsqu'ils demandent un éclaircissement ou soulèvent une objection. Certaines interventions conduisent parfois à se dire que l'on aurait pu traiter l'actualité concernée de façon différente ou que l'on a fait une erreur. Ca ne flatte pas toujours mon ego, mais ça me permet de me remettre en question et donc, j'espère, de m'améliorer ! Lorsqu'un réel débat s'installe et que j'ai le temps de m'y consacrer, l'échange me permet d'améliorer ma perception des sujets traités. Là encore, c'est toujours profitable.

Pierre : Quelles sont tes compétences ? Fais-tu un peu de programmation ?

Alex : Difficile de qualifier mes compétences sans paraître présomptueux ;-) Je tente d'exercer au quotidien celle qui me tient le plus à coeur : la capacité à chercher de l'information, l'emmagasiner, la synthétiser et la restituer de façon claire et concise, en essayant de l'enrichir d'un éclairage ou d'une analyse. Elle deviendra sans doute ma principale compétence avec le temps et l'expérience, du moins je l'espère. Sur le plan technique, j'ai quelques compétences en matière de réalisation de sites Web : (x)HTML, CSS, et un brin de PHP/MySQL, mais j'ai un peu levé le pied de ce côté-là.

Pierre : Comment as-tu commencé sur le web ?

Alex : En simple touriste, jusqu'à ce que je découvre quel formidable outil est Internet !

Pierre : Quels sont les services ( web2.0 ou non), et les logiciels que tu utilises tous les jours ?

Alex : Puisque je consacre l'essentiel du temps que je passe en ligne à la recherche d'informations, j'ai besoin d'outils qui permettent d'agréger et de syndiquer les contenus qui m'intéressent. A ce titre, on m'a un jour qualifié de camé au RSS ! J'utilise différents services en ligne tels que Google IG (le page personnelle de Google nda) et Netvibes (explication du service sur WikiPedia), sur lesquels je regroupe certaines catégories de flux, mais ils ne me permettent pas de gérer de façon efficace un nombre important de sources d'information. J'ai donc également recours à un lecteur logiciel, Feedreader, grâce auquel je suis les actualités en provenance de quelques centaines de sites et blogs consacrés aux thématiques qui m'intéressent. Enfin, mails et messagerie instantanée font évidemment partie de mon quotidien. Un peu trop peut-être !

Pierre : En quoi le journalisme te donne envie de te lever le matin ? Que t'apporte-t'il ?

Alex : J'ai besoin et envie de comprendre comment les nouvelles technologies avancent, et de quelle façon elles finiront peut-être par bouleverser notre quotidien, et si j'en crois le nombre de blogs qui traitent de ce sujet, je ne suis pas le seul que ces sujets fascinent ! Mon job me donne l'occasion de vivre de cette passion, je ne pouvais pas rêver mieux !

Pierre : Peux-tu nous décrire une journée type ?

Alex : La journée type commence évidemment par une revue de presse, histoire de prendre connaissance des informations tombées pendant la nuit. Les principales sont alors vérifiées, recoupées, puis traitées, l'objectif pour un site comme Clubic.com étant de coller à l'actualité la plus chaude. Il faut ensuite partir à la recherche de nouvelles informations : sur le Web, auprès des fabricants ou des acteurs du Web, dans la presse papier ou à l'occasion d'évènements comme des salons, des conférences de presse ou des rencontres informelles. Puis rédiger, en essayant de rendre le sujet accessible au plus grand nombre sans pour autant sacrifier à la précision des informations. En parallèle, je suis amené à rédiger des tests de produits high-tech ou de services en ligne.

Pierre : Pour toi, c'est quoi un entrepreneur ? As-tu des idées de projets ? Penses-tu que tu pourrais être entrepreneur un jour ?

Alex : Le Web est un formidable incubateur : de nombreuses choses ont déjà été réalisées et pourtant, le champ des possibles est encore immense. Dans ce milieu, l'entrepreneur est celui qui arrive à discerner un besoin et une demande, et met en place la structure commerciale ou le service permettant d'y répondre. Si j'essaie d'avoir du recul sur le milieu du Web et des nouvelles technologies, j'aimerais beaucoup y participer activement. Pourquoi pas en montant mon propre projet, mais il est encore trop tôt pour en parler.

Pierre : Peux-tu me faire une présentation rapide de ton blog ? Comment as-tu eu l'idée de te lancer dans la création de Onesque.net ? D'où vient son nom ?

Alex : Mon blog me permet de façon plus décontractée des sujets qui me tiennent à coeur. J'y parle donc encore une fois de Web et de nouvelles technologies, mais sur un ton plus familier et parfois plus engagé que je ne peux le faire dans le cadre de mon travail. Lancé à l'origine en vue de synthétiser mes réflexions sur le sujet, il me sert maintenant de carnet de bord, enrichi par les commentaires et les discussions qui peuvent parfois s'y amorcer. Son nom n'a rien d'original : il s'agit tout simplement de mon pseudonyme en ligne.

Pierre : Penses-tu un jour monétiser son contenu ? (c'est à dire par exemple mettre de la publicité pour récupérer de l'argent)

Alex : A moins que son audience n'explose au point qu'il me faille placer des publicités pour éponger les coûts de l'hébergement, je ne pense pas. Donc pour le moment, pas de risques ;-)

Pierre : Peux-tu me donner quelques chiffres en rapport avec ton blog ? Combien de temps passes-tu par jour à t'occuper de Onesque.net ? As-tu déjà créer d'autres blogs avant ?

Alex : Les chiffres n'ont rien d'ébouriffant : Onesque.net draine entre 200 et 500 visiteurs par jour, hors afflux exceptionnels de trafic comme à l'occasion de la polémique sur les "millions de Firefox" (également ici et ), mais c'est une audience "naturelle" : je ne traite que des sujets qui m'intéressent et ne cherche pas à gonfler l'audience à tout prix. Je préfèrerais être reconnu sur le plan professionnel plutôt que pour ce blog, même si je me suis pris d'affection pour lui ;-) Pas d'autre blog avant celui-ci.

Pierre : Quels conseils peux-tu donner à ceux qui voudraient faire du journalisme web ?

Alex : Passion et motivation sont indispensables. Ensuite, un brin de chance et un poil d'audace suffisent parfois à se lancer. J'ai décroché ma première expérience dans le domaine de la presse Web - à Liberation.fr - au culot et non sur mes compétences. Ensuite, une fois entré, il faut faire ses preuves. Là, ce sont la rigueur et la faculté à apprendre de ses bourdes de débutant qui permettent de progresser. Pour cela, il est indispensable de tenir compte des critiques et de se remettre en question, ce qui n'est pas toujours évident.

Pierre : Peut-on avoir une exclusivité sur ta vie, ton blog, sur Clubic pour les lecteurs de Narcissique Blog ?

Alex : Malheureusement, pas d'exclu à accorder aux lecteurs de Narcissique Blog, désolé ;-)

Pierre : Pour conclure : souhaites-tu rajouter autre chose ?

Alex : Que l'on souhaite entreprendre, devenir journaliste amateur ou bloggeur reconnu, il n'est pas évident de percer mais Internet permet à tous de se lancer. Alors mieux vaut ne pas hésiter trop longtemps et tenter sa chance.

Pierre : Merci d'avoir répondu à mes questions, et à très bientôt sur Narcissique Blog.

Alex : Merci à toi pour cet entretien !

Voilà, j'espère que cette interview vous a plu, si vous souhaitez lui poser d'autres questions vous pouvez le faire par l'intermédiaire des commentaires, il vous répondra lui même.

Pierre

Interview de Alexandre Laurent - journaliste Clubic.com par Pierre pour Narcissique Blog le 16/02/2007